C’est sur toutes les lèvres : la population québécoise vieillit.

Selon l’Institut de la statistique du Québec, le tiers des Québécois seront âgés de 65 ans ou plus en 2061.

Et plus une personne vieillit, plus le risque de développer une maladie neurocognitive est élevé.

Sans aucun doute, ces enjeux solliciteront grandement notre système de santé.

Dans ce contexte, le système d’aide québécois sera-t-il performant ? Gagnerait-on à s’inspirer de ce qui se fait ailleurs dans le monde ? En France, par exemple, où les dépenses de santé sont plus élevées qu’au Québec.

Dans cet article, j’ai choisi de comparer les structures d’aide en France et au Québec, structures qui s’adressent justement aux personnes atteintes d’une maladie neurocognitive.

 

 

En France

 

 

Les départements

 

En France, le volet social et l’aide aux personnes âgées sont gérés par les départements. Chaque région du territoire français (équivalent des provinces canadiennes) est divisée en plusieurs départements.

 

Centres locaux d’information et de coordination (CLIC)

 

À l’intérieur de chaque département, vous trouverez le CLIC. Ce sont des organisations qui donnent les premières informations concernant la prise en charge des maladies neurocognitives. Ils expliquent les différents types de soutien, les contacts à avoir et les spécialistes à rencontrer. Ils déterminent s’il est nécessaire d’ouvrir un dossier pour les personnes en perte d’autonomie. Il y a plus de 600 CLIC en France, qui peuvent avoir un nom différent dans chaque département.

 

Méthode d’action pour l’intégration des services d’aide et de soins dans le champ de l’autonomie (MAIA)

 

Le MAIA prend le relais du CLIC s’il est nécessaire d’ouvrir un dossier pour une personne en perte d’autonomie. Le MAIA met à la disposition du patient un gestionnaire de cas. Le rôle du case manager est de coordonner les actions entre toutes les personnes qui sont impliquées dans la protection du patient, et ce, à tous les niveaux : financier, juridique et médical.

C’est le gestionnaire de cas qui assure la coordination entre les médecins, les patients, les soignants et les autres organismes connexes. Par exemple, c’est le case manager qui peut demander une aide pour les soins à domicile ou du corps (Allocation personnalisée d’autonomie).

De plus, le service envoie un médecin expert pour évaluer le niveau d’autonomie du patient et consulte le MAIA avant de décider du niveau d’aide financière à accorder.

 

L’EHPAD

 

Lorsque le patient ne peut pas rester à domicile, il est orienté vers l’EHPAD (Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendants). Il s’agit d’EHPAD offrant une réception en chambre. Les EHPAD s’adressent aux personnes âgées de plus de 60 ans qui ont besoin d’aide et de soins au quotidien. L’EHPAD peut être financé par le secteur public ou le secteur privé.

 

Aide à l’aidant

 

Concernant l’aide aux aidants, il existe des associations comme France Alzheimer qui organisent des formations pour les aidants.

La France peut également compter sur des structures de type associatif comme les groupes de soutien et les groupes de parole, où les aidants peuvent rencontrer d’autres aidants afin d’échanger sur divers conseils du quotidien.

 

Congé pour aidant naturel

 

Depuis décembre 2020, l’aidant peut bénéficier d’un congé d’aidant naturel. Ce congé vous permet d’arrêter de travailler pour vous occuper d’une personne en perte d’autonomie. Il est accessible sous certaines conditions (lien familial ou étroit avec la personne aidée) et dure trois mois (renouvelable pour un an). Le congé d’aidant naturel n’est pas payé par l’employeur. Toutefois, le salarié perçoit une indemnité journalière d’aidant (43,83 euros pour une personne en couple et 52,08 euros pour une personne vivant seule. Les montants de l’abattement sont réajustés chaque année au 1er avril. 

 


 

Les points forts du système français

 

Les points forts du système français sont l’accompagnement et les conseils donnés par le CLIC et le MAIA. Ce sont des conseils précieux et les travailleurs de la santé ont de vraies valeurs humaines telles que le respect, l’équité, l’empathie, qui doivent être reconnues et valorisées.

 

Les points faibles du système français

 

Les points faibles du système français sont, entre autres, le manque de personnel alloué au CLIC et au MAIA. Ils font beaucoup avec peu de temps et d’argent. Et deuxièmement, le médecin généraliste ne remplit pas suffisamment son rôle de coordinateur médical auprès des différentes parties prenantes.

 

 

Au Québec

 

img

 

Au Québec, l’aide apportée aux personnes âgées est gérée par le gouvernement du Québec.

 

Le CLSC

 

Les proches de personnes atteintes d’une maladie neurocognitive doivent d’abord s’adresser au CLSC pour obtenir du soutien.

Rappelons que les CLSC offrent actuellement des services de santé et sociaux, des services médicaux, de réadaptation et de santé publique. Ils font partie du CIUSSS (Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux) avec les hôpitaux et les CHSLD.

Il y a plus de 160 CLSC au Québec.

 

Le soutien à domicile

 

Au sein du CLSC, on retrouve des programmes de soutien à domicile (SAD). Ils assurent le soutien à domicile afin que la personne atteinte de démence puisse vivre le plus longtemps possible à la maison.

Les TAS sont offerts en partenariat avec des organismes communautaires (ex. : Soutien aux proches aidants), des entreprises d’économie sociale en aide domestique (EESAD) et des entreprises privées afin de répondre aux besoins de l’usager.

 

Le CHSLD

 

Lorsque le maintien à domicile est devenu impossible et que la personne atteinte connaît une perte d’autonomie sévère, les proches la placent le plus souvent dans un CHSLD. Cette structure assure le suivi médical et infirmier, la gestion et la surveillance des médicaments. Les travailleurs assistent les personnes dans leurs activités quotidiennes et leur mobilité.

 

Maison Alzheimer

 

Au Québec, il y a aussi des maisons Alzheimer, qui s’inspirent de la Hollande. Ces résidences accueillent les résidents atteints de la maladie d’Alzheimer dans un environnement encadré et flexible. Il s’agit de milieux de vie à dimension humaine, où il y a peu de résidents et où les travailleurs passent du temps de qualité avec les usagers.

 

Fédération québécoise des Sociétés Alzheimer

 

La Fédération québécoise des Sociétés Alzheimer (FQSA) est une autre ressource sur laquelle les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et leur famille peuvent compter. La FQSA contribue également à la recherche biomédicale sur les causes et les traitements de la maladie d’Alzheimer. Elle sensibilise le grand public à cette maladie.

 

Avantages de la compassion

 

Au Québec, les travailleurs peuvent recevoir des prestations de compassion (jusqu’à 26 semaines). Ces prestations s’appliquent à tout travailleur qui s’occupe d’un proche en fin de vie.

Cependant, il n’existe pas de mesures comparables pour les personnes qui ne travaillent pas (par exemple les retraités).

 

Les points forts du système québécois

 

Le système québécois est basé sur une approche holistique, centrée sur les patients et non sur leurs maladies. Les patients et leurs proches aidants sont encouragés à participer tout au long du processus de soins, dans le respect de leur dignité. Les soins dispensés tout au long du continuum de la maladie sont adaptés à l’évolution des besoins, ce qui nécessite l’implication de différents intervenants de première, deuxième et troisième ligne.

 

Les points faibles du système québécois

 

Par contre, il est parfois difficile de compter sur le personnel régulier des CLSC (ils sont en congé d’études, jours fériés, session de formation, congé de maladie, vacances). Bureaucratique et financièrement limité, le système québécois se caractérise par de longues listes d’attente pour les évaluations de la mémoire clinique, des retards diagnostiques et des démarrages tardifs des soins à domicile.

 

Conclusion : comparaison des structures d’aide françaises et québécoises

 

En termes de similitudes France-Québec, on peut citer une gamme de services localisée ainsi que des intervenants ayant de vraies valeurs humaines et qui donnent le meilleur d’eux-mêmes avec peu de moyens. La France et le Québec font face à une pénurie de main-d’œuvre.

En termes de différences, les structures d’aide françaises sont un peu plus complexes (CLIC, MAIA, expert médical) qu’au Québec, où les soins sont dispensés par le médecin de famille et le CLSC. De plus, le congé d’aidant familial français concerne toute personne en perte d’autonomie, alors qu’au Québec, les prestations de compassion concernent un proche en fin de vie. Enfin, les listes d’attente pour les services sont plus longues au Québec qu’en France.

Dans l’ensemble, les systèmes d’aide français et québécois sont efficaces (la France fait un peu mieux que le Québec) mais ils pourraient certainement être améliorés. L’idéal serait une équipe qui s’occuperait des patients 24 heures sur 24 gratuitement. Quoi qu’il en soit, par rapport à d’autres pays, les patients français et québécois sont tous bénis en termes de structures d’accompagnement.

 

19 mars 2025 — Jeanna Roche